Histoire de la CIURL (1967-1973)
Dans un contexte d’expansion démographique très marqué (taux de croissance de 52% entre 1950-1966), la région lausannoise se retrouve au début des années soixante face à plusieurs difficultés de taille nécessitant une coordination intercommunale. Parmi plusieurs choix possibles, c’est celui de la constitution d’une Convention intercommunale visant à la création d’un plan directeur d’urbanisme qui est adopté. Un autre choix aurait pu être la création d’un Conseil intercommunal, qui aurait ôté certaines des prérogatives propres aux communes.
C’est donc un choix plus modeste, davantage tourné vers le dialogue et la conciliation qui a primé, au détriment d’un pouvoir décisionnel légal. Le projet sous-jacent est de donner corps à ce nouveau concept qu’est la « région », comme entité située entre le Canton et les communes, pour un avenir plus serein et plus humain du développement de la région lausannoise.
En 1964, sous l’impulsion de l’Etat, se crée le GERL (Groupe d’Etude de la Région Lausannoise), regroupant 24 communes. C’est à cette période que nait l’idée d’aller plus loin et de former un organe réellement capable de dicter un plan directeur urbain : la CIURL (Commission Intercommunale d’Urbanisme de la Région Lausannoise). En 1966, un comité provisoire est constitué en vue d’organiser la création de la CIURL.
C’est le 29 septembre 1967 que sera signée une convention, au restaurant du Rond-Point à Beaulieu. Les délégués des 27 communes signataires, devant le « beau monde » lausannois invité (Conseil d’Etat, préfets, journalistes, etc), apposeront leur signature marquant le début de ce projet qui a aujourd’hui plus de cinquante ans.
Le 29 septembre 1967, une convention intercommunale a été signée par les délégués de 27 communes, au restaurant du Rond-Point à Beaulieu. Documents d’archives: le discours de M. G.A. Chevallaz (Syndic de Lausanne); la confirmation du restaurant; une lettre de la Radio Suisse Romande.
Sous la forme d’un Conseil exécutif, d’une Commission intercommunale et de comités de secteurs (alors au nombre de cinq : ouest ; est ; nord ; nord-ouest ; Lausanne), on espère aider les communes à traiter des sujets qui les touchent toutes, par secteurs, et ce de façon efficace et raisonnée, dans un plan directeur établi pour les années à venir (composition de la CIURL).
M. Daniel Nicolas, Syndic de Préveranges, est élu en tant que président de la CIURL, et M. Georges-André Chevallaz assumera le poste de président du Conseil exécutif.
Cependant, il est nécessaire d’étudier le territoire de manière approfondie. Lors de la première assemblée générale du 1er février 1968, il est décidé de déléguer cette tâche à URBAPLAN, pour des raisons d’expertise et aussi financières. Cette société devra s’occuper de dresser un portrait de la région lausannoise, que ce soit au niveau urbain, des transports, ainsi que faire des prévisions d’évolution pour les années à venir.
La tâche est importante, c’est pourquoi URBAPLAN et l’ITEP (Institut des transports de l’EPFL) sont mandatés dès juillet 1969 pour réaliser un diagnostic de la situation actuelle. Le travail est livré le 6 mai 1970 [1]. Contrôlé par une Commission des transports de la CIURL et par son Conseil exécutif, ce premier état des lieux fut possible grâce à la collaboration étroite entre les communes et leurs mandataires.
Les conclusions générales sont alarmantes. La croissance démographique ne s’est pas répartie comme prévu, et la dispersion géographique est extrêmement forte. Avec pour conséquence une hausse des prix fonciers, véritable incitation pour les industries et les particuliers à s’implanter dans des zones non-pourvues en équipement publics, entraînant des coûts inégaux pour les communes périphériques par rapport aux communes plus centrales. Ces dernières, bien que profitant de l’accroissement économique, se retrouvent tout aussi débordées par les encombrements. Les travaux nécessaires à l’aménagement se sont révélés extrêmement coûteux, bien davantage que les communes ne pouvaient le supporter.
Face à ce constat, l’assemblée générale doit discuter de la poursuite des études afin d’établir, d’ici 1973, un plan directeur. La question du budget est fondamentale, mais tous arrivent à la décision d’augmenter la cotisation des communes (qui passe de 0.25 CHF/hab. à 0.50 CHF/hab.) pour la période 1970-1974. Dans la même ligne, il est décidé de créer un secteur supplémentaire, le secteur Nord-Est, qui comprendra dès lors les communes d’Epalinges, Montpreveyres, Savigny et Pully, ainsi que Lausanne pour la partie haute. MM. Louis Décombaz et Francis Michon compléteront le Conseil exécutif en tant que délégués du nouveau secteur.
Trois ans plus tard, en 1973, est adopté le plan directeur de la CIURL afin de pallier aux problèmes explicités plus haut. La CIURL compte désormais 35 communes, et lors de l’assemblée générale du 26 juin 1973, on s’accorde sur les futures tâches de l’organisation. Les résolutions finales sur plusieurs thèmes sont également adoptées pour les années à venir [2] :
1. Occupation du sol
2. Transports
3. Espaces verts
4. Centres secondaires
Il en ressort un axe fort : concentrer les efforts sur la limitation de la dispersion, avec quelques objectifs phares : la création de « centres secondaires », i.e. zones regroupant sur une surface restreinte des équipements commerciaux, culturels, administratifs, etc. Prilly, Pully, Renens et Chavannes, de même que Le Mont-sur-Lausanne, Epalinges, Echallens, et Penthaz-Penthalaz sont concernées. Dans la même veine, il est décidé de limiter les voitures dans les centres villes en développant les transports publics et le maintien des « espaces verts » est privilégié. [3]
L’ampleur des travaux et des aménagements dépasse la question purement régionale, et il faudra compter sur une étroite collaboration entre la CIURL, le Canton et la Confédération pour mener à bien ces projets et apporter la manne financière nécessaire. [4]
[1] Source: AVMB 684/3 « Diagnostique de la situation actuelle, 1er janvier 1970 » par URBAPLAN et l’ITEP
[2] Source: PV. Séance du 26 juin 73, dossier Résolutions finales
[3] Source: Plan directeur, AVMB 684/9
[4] Source: PV. Séance du 26 juin 73, rapport de la Commission pour l’étude des aspects financiers.