Le Palais de Beaulieu
Au cours de l’année 1997, le Conseil d’Etat décide de restructurer le Palais de Beaulieu. En effet, jusqu’il y a peu, la Société Coopérative du Comptoir Suisse générait 90 % des recettes du Palais de Beaulieu. Ce dernier s’est depuis diversifié en proposant plus de 200 manifestations en 1997 ! Il représente ainsi un pôle économique et culturel important, et il s’agirait de mettre sur pied des nouvelles structures assurant la pérennité du lieu. C’est ainsi que le projet suivant est annoncé : d’abord la création de deux nouvelles entités, d’une part la Fondation Beaulieu, au capital de CHF 80 millions, propriétaire du complexe immobilier, rachetant ainsi la Société Coopérative du Comptoir Suisse, endettée à hauteur de CHF 70 millions. Celle-ci devenant, d’autre part, une société anonyme en charge de l’exploitation du site.
Par conséquent, CHF 80 millions sont nécessaires pour restructurer et rénover le lieu. Il est prévu que le Canton de Vaud participe à la hauteur de CHF 30 millions, de même que la Ville de Lausanne pour ce même montant. Il reste donc CHF 20 millions à trouver. C’est là que la COREL entre en jeu.
En effet, la COREL va se donner pour mandat de convaincre ses membres, soit les communes de la région lausannoise, de participer à hauteur de CHF 10 millions; les CHF 10 millions manquants étant assurés par le reste des communes vaudoises. Il s’agit donc de convaincre de l’intérêt public d’un tel investissement, et de montrer que les retombées financières le justifient.
C’est que la COREL, à fin 1997, avait déjà mis sur pied une commission ad hoc de suivi, chargée de participer aux séances « sur Beaulieu » et d’en faire part au Bureau de coordination. Il en ressort la décision, en 1998, de convoquer l’intégralité des communes de la région lausannoise pour les convaincre de voter « oui » au financement de principe lors de leur assemblée générale du 3 septembre 1998. Une liste des effets économiques pour les communes de la COREL est établie (voir ci-contre).
La participation de la COREL lui permettra d’avoir un siège (sur 8) au Conseil d’administration de la Fondation Beaulieu, renforçant aussi symboliquement l’existence d’une « région ». Cependant, il reste encore des questions à régler, dont celle de l’emprunt. La BCV accepte d’octroyer un prêt à taux fixe de 3.75% sur 5 ans, et après discussion, sur 10 ans. Mais des résistances dans certaines communes sont encore présentes… ainsi, dans le secteur Ouest, Crissier, Ecublens et Prilly semblent exprimer des réticences, de même que Jouxtens-Mézery, dans le secteur Nord. Mais l’assemblée générale de septembre avalisera le financement de principe. C’est une première victoire pour la COREL !
Mais c’est du Canton que va venir la première ombre sérieuse au tableau. En effet, étant partie prenante à hauteur de CHF 30 millions (comme la ville de Lausanne), il n’a inscrit dans son projet de budget 1999 que CHF 10 millions (au contraire de Lausanne, qui y a inscrit les CHF 30 millions), les CHF 20 millions étant prévus dans les exercices suivants ! Comment vendre ce sacrifice aux communes si le Canton lui-même n’y consent pas ? Mais la COREL prend le taureau par les cornes et parvient à convaincre le Conseil d’Etat de mettre la totalité de l’investissement au budget 1999. Ouf !
C’est donc après ces âpres discussions que les communes de la région lausannoise peuvent individuellement décider, ou non, de participer, et ce jusqu’au 30 juin 1999. Et elles accepteront toutes ! Ce qui contraste fortement avec les autres communes vaudoises, dont les 2/3 refusent une participation… ce qui peut se comprendre aussi par l’éloignement géographique qui atténue les retombées économiques d’un tel investissement. Cependant, grâce aux CHF 10 millions récoltés (et, au final, les CHF 70 millions du Canton et de Lausanne), la Fondation Beaulieu pourra être créée le 1er janvier 2000, avec comme membre fondateur de la COREL.
Encore une belle entreprise de communication et de coordination qui aboutit à la création d’une vraie institution régionale, permettant d’appliquer une politique culturelle saine et cohérente.